Black/White/Text, 1980

1 Pouce NTSC, noir et blanc, son


Pionnier de la seconde génération, Gary Hill commence à réaliser ses premières vidéos à partir de 1973 lorsqu’il est en résidence au Woodstock Community Video. Á partir de sa rencontre avec les poètes George Quasha et Charles Stein en 1979, l’artiste débute un travail expérimental autour des relations entre image vidéo et langage.


En 1980, Gary Hill réalise la vidéo Black/White/Text en employant le Rutt/Etra Scan Processor mis au point en 1973 par Steve Rutt et Bill Etra. Utilisant le feedback vidéo inversé et les éléments simples que sont la forme rectangle et un texte chanté décomposé en syllabes, l’artiste construit sa vidéo comme une correspondance entre image et son. Apparaît d’abord un rectangle blanc sur fond noir tandis les syllabes « rec/tan/gle » sont scandées par la voix de l’artiste. Par le système du circuit fermé, la vidéo se complexifie ensuite dans un enchâssement de rectangles noirs et blancs alors que la bande sonore décrit ce qui se passe à l’écran. Á mesure que la vidéo progresse et que le nombre de rectangles augmente, les canaux sonores se multiplient également reprenant la forme du canon musical. Décrivant le principe de rétroaction, la partition textuelle créée par l’artiste est divisée dans un principe mathématique en sept groupes de syllabes, de 3, 6, 12, 24, 36, 48 pour arriver à un total de 96 syllabes [1]. La prolifération des rectangles et la multiplication des phrases musicales créent une saturation visuelle et sonore, les rectangles sortant peu à peu des limites de l’écran pour aboutir à une toile composée de lignes horizontales. Celles-ci finissent par se déformer dans un jeu d’ondulations qui dérive vers un chaos hallucinatoire.




Marie Vicet, 2025




[1] Voir le texte de la vidéo reproduit dans George Quasha and Charles Stein, An Art of Limina: Gary Hill’s Works and Writings, Barcelona, Ediciones Poligrafa, 2009, p. 91. Ce texte a ensuite été réutilisé par l’artiste pour l’installation vidéo Glass Onion (1981).