Woman in Red, 2008

Betacam numérique PAL, couleur, son


Cette vidéo emprunte son titre à la comédie américaine réalisée et interprétée par Gene Wilder en 1984, où le personnage tombe amoureux d’une femme vêtue d’une robe rouge, qu’il croise dans la rue. Du film, Berat Isik ne garde que le titre et un élément symbolique qui est la robe rouge ; il ne s’agit en aucun cas d’un remake ou d’une critique du film, mais plutôt d’un acte annonciateur de la référence au cinéma et d’une manière plus large à la culture populaire. L’action se déroule dans un parking souterrain. Une voiture se déplace en crissant ses pneus ; le regard conditionné par le cinéma et la télévision y perçoit une tension, voire un danger potentiel. Une jeune femme portant une courte robe rouge traverse le parking ; ses pas sont audibles. Elle s’arrête lorsqu’elle est sur le souffleur et pose face à la caméra comme si elle était dans un spot publicitaire ; l’air du souffleur fait voleter sa jupe. Le spectateur croit voir une publicité jusqu’à ce qu’il aperçoit que la jupe de la jeune femme dissimule des explosifs attachés en haut de ses cuisses. Dans Woman in red, l’artiste joue avec les codes de l’imagerie populaire ; malgré une technique volontairement défaillante, l’attitude de la jeune femme, sa robe, son maquillage et le décalage avec l’environnement font penser aux images lisses d’un film publicitaire où l’image de la femme est instrumentalisée pour les objectifs du marché, jusqu’à ce qu’au tout dernier moment les explosifs dévoilés par les mouvements de la jupe fassent basculer le sens de l’image, de la femme-objet à la bombe humaine, d’une passivité monnayable à une potentialité d’action, aussi destructrice soit-elle.


 Yekhan Pinarligil