Shortstories (Marquise, Gloria et Parc Central Taipei), 2000 - 2008

Shortstories
Gloria, 2008
Marquise, 2007
Parc central, Taipei, 2000-2008

3 vidéoprojecteurs, 3 amplificateurs, 8 haut-parleurs, 2 bandes vidéo HD, 16/9, 1 bande vidéo 16/9ème compressée verticalement en 4/3, PAL, couleur, son stéréo et 5.1


Shortstories est une installation vidéo créée en 2008 par l'artiste française Dominique Gonzalez-Foerster. Elle se compose de 3 espaces adjacents, dans lesquels sont vidéoprojetés 3 films différents, Marquise, Gloria et Parc central, Tapei qui se regardent sans ordre pré-établi. La teinte verte des murs, de la moquette et des lettres des cartels est définie de manière très précise par l'artiste selon une grille de codification internationale des couleurs. Marquise est une vidéo de 5 minutes en boucle, qui peut aussi être présentée seule en version longue de 30 minutes. La marquise du titre fait référence à une structure en béton située dans le parc Ibirapuera de Sao Paolo, construite par Oscar Niemeyer, célèbre architecte brésilien. Ses colonnes, supportant un toit plat en béton, lui permettent de lier différents bâtiments du parc tout en abritant les promeneurs. Un jeune garçon raconte en voix off un souvenir d'enfance sous cette marquise : un jour qu'il jouait sous la marquise, il est persuadé d'avoir senti bouger une des colonnes alors qu'il s'y appuyait. Gloria se compose d'un travelling de 5 minutes en boucle dans un parc du centre de Rio au Brésil. Ce dernier, copie d'un jardin à la française, n'en a pourtant pas les contours au cordeau. Le climat tropical et la luxuriance de la végétation débordent constamment les tentatives de l'homme pour en faire un parc sophistiqué. La voix off d'une femme soliloque sur la tropicalisation de ce jardin et sur les possibilités de fictions qu'elle pourrait créer dans ce lieu. Parc Central, Taipei est une vidéo de 9 minutes en boucle réalisée entre 2000 et 2008. Cette troisième séquence fait explicitement référence à la scène finale du film de Tsai Ming-Liang Vive l'amour, tournée au même endroit, alors en construction, en 1994. La voix off de la narratrice explique sa démarche : elle s'est rendue dans ce parc pour chercher des signes qui la relieraient avec l'héroïne du film, dont la scène finale est un plan fixe de 6 minutes 25 secondes sur son visage en pleurs. La narratrice se trouve alors bloquée dans le parc par une pluie incessante, qui lui rappelle les larmes de May Lin. Ces 3 expériences, qu'elles soient réelles ou fictives, s'assemblent comme les pages d'un journal intime dans un dispositif précis. Elles se passent dans des lieux publics chargés d'histoire et de références à l'architecture ou au cinéma. La citation que Gonzalez-Foerster inscrit sur le mur à l'entrée de son dispositif donne un éclairage sur son profond ancrage dans la littérature depuis ses premières Chambres en Ville dans les années 90 jusqu'à son exposition personnelle à la Tate Modern de Londres en 2008. “Ayant été prisonnière de la littérature pendant au moins 2 ans, captive d'un triangle composé d'Enrique Vila-Mata, Roberto Bolano et W.G. Sebald, 3 enfants de Robert Walser et J.L. Borges, il m'est impossible de présenter autre chose ici que ces 3 courtes histoires qui peuvent être vues et lues dans n'importe quel ordre.”


Laetitia Rouiller