Sanja Ivekovic dessine à l'encre noire, sur son visage et son cou, les lignes pour faire un massage. Une fois réduite à l'état de mannequin de démonstration, elle s'applique à réaliser ce massage, comme si son visage était couvert de crème. En étalant l'encre, la peau noircit, faisant apparaître par endroits des traces irrégulières. Alors que le massage est censé l'embellir, à la fin de la séquence, le visage est marqué de noir, les traits sont tirés, et les yeux semblent avoir pleuré. L'ironie du dispositif est directement empruntée des schémas sur les publicités pour produits de cosmétiques, où le visage d'une femme est strié de lignes marquant les démarches à suivre pour bien appliquer la crème. L'application de l'artiste inverse le sens de ces directives transformant le visage lui-même en guide d'utilisation, soulignant cette chose que la femme est devenue pour le marketing. Cette vidéo s'inscrit dans sa démarche de réutilisation de l'iconographie publicitaire féminine, apportant toujours un décalage de lecture et donc de sens sur la représentation de la femme dans la presse féminine.

Patricia Maincent