Andy dis-moi oui, 1987

U-Matic, PAL, couleur, son


Andy, dis-moi oui est un vidéoclip dans lequel le montage en cut, les chorégraphies et la musique en off concourent à rendre omniprésent le rythme de cette chanson des Rita Mitsouko.
Le clip débute sur un mode narratif et se poursuit par un travail de l'image sur des chorégraphies rock dont certaines rappellent les comédies musicales américaines des années 1930 et une parade dansée. Au cours du tournage réalisé avec le groupe rock, le scénario initial a été écarté au profit de mises en scène de la synergie du moment.


Philippe Gautier évoque cette réalisation : "Les Rita Mitsouko, c'est un groupe qui participe à l'élaboration des images. Andy, c'est l'histoire d'une fille qui doit avoir treize ou quatorze ans et qui est amoureuse d'un grand, donc elle n'ose pas lui parler, mais elle va le voir. [...] Elle figure dans le clip. Au début elle porte des grosses chaussures comme Minnie. [...] Le seau d'eau et la tarte à la crème qu'elle se prend, c'est la peur de l'adolescence dans l'histoire d'amour. [...] Après on a cassé l'histoire de la jeune fille et on est parti dans plein de directions. A un moment, il y a des personnes avec un rond et un carré noirs sur le visage, en référence aux dessins animés tchèques. Il y avait un danseur africain qui faisait du magna-magna, d'autres qui faisaient une danse de combat."1


Le titre et le refrain font référence au personnage de la bande dessinée Andy Cap, dont la femme pestait tout le temps en répétant : "dis-moi oui".
Le décor de ce spectacle est un studio blanc dans lequel une structure, semblable à un mur en accordéon, est placée en arrière-plan. Il est transfiguré par les cadrages et animé par des jeux de lumière (les projections de couleurs pastel ou de fines formes géométriques).
Les costumes, les instruments de musique (les cuivres notamment) et les confettis apportent des couleurs vives dans le décor et l'image.


Ce vidéoclip peut être défini par trois mouvements et deux profils séquentiels. Les premières et les dernières séquences font appel au surdécoupage, à des plans brefs avec peu de profondeur de champ, à l'alternance entre des vues frontales, des plongées et des contreplongées, à des mouvements de caméra qui suivent la chorégraphie, ou, dans les dernières séquences du clip, à des prises de vue en plongée avec des zooms avant et arrière successifs. Au milieu, le film musical est construit de plans d'ensemble et rapprochés, centrés et plus longs. Dans ces scènes, les costumes et le maquillage ont ponctuellement une dominante noire, et les éclairages n'interviennent plus pour rehausser le spectacle mais pour le teinter d'un accent dramatique. La légère mise en abîme dans l'image est suivie d'un retour au surdécoupage, qui renforce la scansion du rythme.


Le montage en cut, synchronisé avec la musique diffusée en off, augmente l'impact du surdécoupage sur le téléspectateur, dont le regard est conduit dans ce mouvement continu.


Philippe Gautier a réalisé deux vidéoclips avec les Rita Mitsouko. Marcia Baila a précédé Andy, dis-moi oui, et s'en distingue par l'illustration des paroles de la chanson et la représentation de l'énergie rock, de l'univers culturel et d'une esthétique liés aux années 1980 et à Catherine Ringer et Fred Chichin.


Thérèse Beyler


1 Entretien de Philippe Gautier par Thérèse Beyler , non publié, juillet 2000